Conférence AGRUS - Paré et Vésale, Chirurgie et anatomie, les pères fondateurs

Conférence Santé, Culture, Société
le  3 octobre 2024
Conférence AGRUS - Paré et Vésale
Conférence AGRUS - Paré et Vésale
Conférence donnée par François MOUTET, professeur émérite UGA (chirurgie de la main)

Modération : Jean-Guy PASSAGIA

L’AGRUS inaugure, avec cette conférence, un cycle sur l’Histoire de la médecine qui devrait comporter une conférence annuelle.

Paré et Vésale, Chirurgie et Anatomie, les pères fondateurs

Entre histoire et légende

" L’histoire rocambolesque d’un carton déposé au Musée des Sciences Médicales du CHUGA en novembre 2021 ouvre le propos. Ce misérable carton contenait trois ouvrages illustres, dérobés lors d’un colloque au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine de Rouen, le 5 novembre 1998 : le De humani corporis fabrica libri septem (1543) et l’Anatomes totius (1564) d’André Vésale et les Opera d’Ambroise Paré (1575). Cette réunion fortuite fournit une introduction idéale à la mise en parallèle des destins de ces deux phares de la médecine dans un XVIsiècle empreint de l’esprit de la renaissance et traversé par des guerres incessantes.

Paré et Vésale, tout les séparait ; l’origine, la langue, la culture, la religion, l’état. Leur insatiable curiosité, leur talent, leur ingéniosité, leur courage, leur ténacité et le soutien sans faille de leurs souverains, les ont réunis et posés en ‘‘pères fondateurs’’ de la chirurgie pour l’un et de l’anatomie pour l’autre, dans la culture occidentale moderne.

Paré écrit toujours en français et combat avec vigueur le jargon pédant des médecins académiques de son siècle : « Je n’ai voulu escrire en autre langage que le vulgaire de notre nation ne voulant estre de ces curieux, et par trop superstitieux, qui veulent cabaliser les arts et les serrer sous les loix de quelque langue particulière ».
En chirurgien, de la peau au squelette, plan par plan, il explore le corps. Son souci de transmission est constant.

Vésale écrit toujours en latin et corrige progressivement, avec respect et à ses risques et périls, plus de 200 erreurs de Galien grâce à la pratique raisonnée de la dissection : « Il faut ouvrir pour apprendre ». Il commence par ce qui est le plus fixe, le squelette et finit par le cerveau. Il construit le corps et élève l’anatomie au niveau d’un art descriptif.
L’un comme l’autre savent ce qu’ils doivent à leurs prédécesseurs et ne cesseront de leur rendre hommage. Ce moment de l’histoire de la médecine peut être considéré comme un véritable césure épistémologique. On ne procédera plus après comme avant."

François Moutet

Publié le  30 août 2024
Mis à jour le  2 septembre 2024